Le Figaro, 28. 9. 90

...A l'entrée de l'exposition, un Bismarck fracassé vous attend. Un torse du chancelier privé de bras, le nez cassé, a été exhumé d'un depôt de monuments abandonnés (deux mille statues et monuments glorifiant Bismarck ont été répertoriés par un collectionneur _ _ _). S'y ajoute un oeil géant du chancelier de fer, planté telle une écharde dans la facade du bâtiment du Gropius-Bau. Dés le seuil franchi, c'est l'imposant face à face avec d'enormes plaques d'acier, soudées sur place, qui rythment une exposition dans l'exposition, sous la verrière centrale: entrèe en matière-kaléidoscope, sorte de chaos délibéré, où les oeuvres-coups de poing présentées sont les éléments constitutifs d'une histoire que chaque visiteur est invité à agencer lui-même.
En guise de préambule, voici _ _ _ Napoléon, à la veille de la bataille de Waterloo (17juin, 7 heures le soir, de John Lewis Brown, prête par le Musée des beaux arts de Bordeaux); barons de l'acier allemands et francais, plus grands que nature _ _ _ facsimilé du Manifeste du parti communiste _ _ _ Le dialogue est censé s'instaurer de lui-même, selon le principe directeur adopté: confrontation, juxtaposition, Opposition...
Les prêts des musées francais entrent pour une part remarquable dans ce rassemblement d'oeuvres d'art et d'objets mis bout à bout dans une vingtaine de salles et autant de chapitres chronologiques qui illustrent les grands moments du siècle de Bismarck. Les descendants de la famille von Bismarck, dont les héritiers sont dispersés dann le monde entier, n'ont su rien refuser, ou presque, à Mme von Plessen...

Vera Kornicker