Le «Fonds RDA»
de Andreas Michaelis
Le
3 octobre 1990 est une date historique. Le Jour de la réunification
allemande est aussi celui où s'est achevée l'autodissolution
d'un Etat. La République Démocratique Allemande a disparu
sans tambour ni trompette de la carte géopolitique. Tout un système
de relations sociales a atterri, ainsi que l'a exprimé l'écrivain
Stefan Heym, dans les «poubelles de l'Histoire».
Pourtant de nombreux vestiges de l'Etat perdu nous sont restés,
notamment dans les collections du Museum für Deutsche Geschichte
(Musée de l'Histoire allemande).
Sous le règne du SED (parti socialiste unifié), cet établissement
devait présenter au public national et étranger une image
marxiste-léniniste de l'Histoire allemande dont l'apogée
était celle de la RDA. Le Museum für Deutsche Geschichte était
l'un des instituts idéologiques les plus en vue de la RDA, ses
travaux étaient directement soutenus et dirigés par la direction
du Parti et de l'Etat.
Depuis la réunification des deux Etats allemands, le Deutsches
Historisches Museum (Musée historique allemand), créé
en 1987 à Berlin-Ouest, a pris en charge les collections du Museum
für Deutsche Geschichte et possède les droits d'utilisation
de l'arsenal. Le Deutsches Historisches Museum a ainsi hérité
de nombreuses collections. L'une d'elles est absolument inédite
de par sa composition et son origine. C'est un assemblage hétéroclite
d'objets indéfinissables ou banals, répondant à peine
aux critères que doit remplir une collection de musée digne
de ce nom, et qui laissa les employés chargés d'en faire
l'inventaire tour à tour perplexes, amusés, voire franchement
déconcertés. Le caractère étrange de ces objets
sut tout d'abord éveiller l'intérêt, mais on reconnut
très vite que le «Fonds RDA» reflétait mieux que tout autre
collection du musée l'Histoire de la RDA.
Ce dépôt rassemble aussi bien des cadeaux-souvenirs échangés
lors de visites d'hommes d'Etat de RDA ou en RDA, que des présents
offerts à l'occasion de journées commémoratives ou
d'anniversaires personnels des dirigeants du Parti et de l'Etat et ceci
sur quarante années. Des choses élaborées pour des
occasions particulières, congrès du parti ou commémorations
annuelles, complètent la collection.
En général les objets n'ont pas de valeur matérielle
notable, its se caractérisent beaucoup plus par leur traits symboliques.
Le plus souvent, les traditions folkloriques et artisanales des pays d'origine
se reflètent dans les matériaux et les motifs. Ainsi les
présents des pays communistes sont souvent empreints d'un symbolisme
révolutionnaire apparent. Des inscriptions évoquent la paix,
l'amitié, la solidarité ou la victoire du socialisme. Des
références à la lutte des classes apparaissent surtout
dans les présents destinés aux congrès, aux jubilés
et aux anniversaires. Les cadeaux officiels, par contre, sont relativement
neutres et traduisent plutôt le caractère national de leur
pays d'origine.
Le «Fonds RDA» est, au niveau de sa complexité et de sa force d'expression,
une collection unique d'objets se référant à la culture
des célébrations politiques et dépeignant de manière
éloquente l'iconographie de la RDA et de ses pays-frères
socialistes. En outre, la collection donne un aperçu remarquable
des rituels se rapportant aux relations entre les organisations et les
institutions sociales est-allemandes et le SED, et met en lumière
les contacts du SED avec les partis-frères communistes ou les mouvements
révolutionnaires du tiers monde.
Le présent ouvrage est la première description détaillée
de cette collection unique en son genre. Un profil représentatif
d'une sélection d'environ 250 objets du Deutsches Historisches
Museum doit être plus qu'un simple assemblage de photos, il doit
documenter le mouvement communiste et un pan de l'Histoire de la RDA.
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