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Cadeaux des gouvernements étrangers
de Andreas Michaelis

Tadj MahalLa RDA est le produit de la Guerre froide. La séparation en deux Etats allemands distincts vient du fait que les grandes puissances alliées ont reconnu qu'elles ne pouvaient pas imposer leurs conceptions politico-sociales respectives dans l'Allemagne toute entière. La RDA est dès le début en position défensive. Elle est créée alors que de nombreux Etats ont reconnu la République fédérale en tant qu'Etat souverain prenant la relève du Troisième Reich effondré. Le gouvernement et le parlement de l'Etat ouest-allemand sont légitimés démocratiquement et l'économie du pays est sur le point de se consolider. Derrière la République Fédérale Allemande se tiennent la plupart des vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale, donc du «monde occidental» dans son ensemble. Face à elle, la RDA apparaît comme une création politique permettant à l'Union soviétique d'imposer ses intéréts stratégiques en Europe. Les puissances occidentales ne lui concèdent ni droit à l'existence, ni chance de survie historique. Dès le départ, la République Démocratique Allemande a des difficultés à obtenir la reconnaissance internationale. Les premiers Etats qui nouent des contacts diplomatiques avec elle, sont, c'est dans l'ordre des choses, l'Union soviétique et ses satellites est-européens; en octobre 1949 les premiers pays non-européens, la République populaire de Chine et la Corée, prennent la suite. Après cela, les possibilités pour la RDA d'être reconnue par d'autres Etats comme un partenaire égal en droit sont presque épuisées et les perspectives de se profiler sur la scène internationale limitées.
Les premiers contacts politiques de la RDA avec l'Union soviétique ont probablement le caractère de réunions de travail, d'ailleurs le «Fonds RDA» n'a conservé aucune trace de la visite du Ministre des Affaires étrangères Andreï J. Vychinski en décembre 1949 ni de celle du président du Présidium du Soviet suprême, Nicolas M.Chvernik. Aucun souvenir non plus de la première visite officielle de représentants de la RDA en Union soviétique en août 1953.
Tour Spassky avec horloge intégréeOuelques témoignages nous sont pourtant parvenus d'un échange réciproque intense de délégations de moindre importance hiérarchique. Au début de ce chapitre, on peut voir un souvenir que Fred Oelßner a, selon ses dires, reçu lors dune visite en URSS en 1949 ou 1950. A cette époque, Oelßner est membre de la tête du SED et, en même temps, il connaît bien certains fonctionnaires, de sorte que l'on peut classer le présent dans la catégorie «Cadeaux des gouvernements étrangers» à leurs invités. Il s'agit d'un modèle réduit de la tour Spassky du Kremlin avec pendule intégrée. L'inscription russe signifie «en avant et rien qu'en avant, en avant vers la victoire». L'objet se trouvait jusqu'en 1972 en possession de la famille Oelßner et fut remis au Museum für Deutsche Geschichte sur la demande de celui-ci.
Ouvrier et engrenageEn décembre 1950, Wilhelm Pieck, alors Président de la RDA, fait sa première visite officielle en Pologne. Témoin cette petite figure de laiton offerte à Pieck lors de sa visite des usines Ursus de Varsovie.Le Roi Sigismond Le cadeau du Président polonais Boleslaw Bierut à ses hôtes lorsqu'il se rend en RDA en avril 1951 a plus de poids. La statue en bronze de Sigismund III Wasa (roi de Pologne de 1587 à 1632 et de Suède de 1592 à 1603), sur un socle de marbre massif, est une reproduction miniature du monument qui se trouve à Varsovie et elle pèse une centaine de kilos. Les dénotations historiques et culturelles nationales que présentent souvent les objets des pays est-européens au début des années 50, seront évincées ultérieurement de plus en plus au profit de symboles du mouvement ouvrier et du système socialiste. On observe déjà cette tendance dans une figure tchèque en bronze représentant un soudeur, que Pieck reçoit lors de sa seconde et dernière visite d'Etat en octobre 1951. Le SoudeurOn retrouve sans cesse le motif de l'ouvrier souvent sublimé et idéalisé dans les œuvres d'arts plastiques réalisées sur la commande des partis communistes et dans les pays qu'ils dirigent. Rien d'étonnant donc à ce que la réserve du Deutsches Historisches Museum abrite plusieurs dizaines de figures de mineurs, d'aciéristes, de bûcherons ou d'agriculteurs. Le rôle dirigeant de la classe ouvrière doit bien sûr s'exprimer aussi dans le domaine artistique.
Au cours des années 50, les visites de gouvernants étrangers en RDA sont rares et la population s'y intéresse beaucoup. Les MineursLes premiers invités sont naturellement les chefs d'Etat des pays voisins socialistes. En mars 1952, après Boleslaw Bierut, le président tchécoslovaque Klement Gottwald se rend en visits officielle en RDA. Il amène entre autres un ensemble de figures ornées des motifs traditionnels des souffleurs de verre bohémiens. Ces ouvriers, représentés sans souci du pathétique et sans symbolisme de classe apparent, se distinguent agréablement des figures ostentatoires de travailleurs héroïques exposées.
Sándor PetöfiLe prochain visiteur de marque, le Président hongrois Mátyás Rákosi, apporte avec lui en octobre 1952 un tapis mural représentant l'écrivain national hongrois Sándor Petöfi. Il ignore, bien sûr, que quelques années plus tard le Club Petöfi de Budapest sera le cadre dune opposition dure au régime de Rákosi, le fera basculer en mars 1956 et causera en novembre une insurrection sanglante. Un autre présent de l'invité hongrois manifests la vanité propre à de nombreux dictateurs: sur une gravure ornée de tous les symboles imaginables du communisme, le visage de Monsieur Rákosi nous sourit aimablementMátyás Rákosi.
Au milieu des années 50, la RDA fait tout pour s'établir sur la scène internationale. Comme les nations industrielles occidentales se refusent toujours à reconnaître diplomatiquement la zone soviétique, on lance des ballons d'essai en direction des pays en voie de développement d'Asie et d'Afrique. En novembre 1955, des délégations gouvernementales est-allemandes dirigées par le vice-Premier ministre et Ministre du Commerce extérieur Heinrich Rau, se rendent aux Indes et en EgypteCollection de pièces de monnaie, en janvier 1956 suivent des voyages au Liban, au Soudan et en Syrie.
Les contacts avec ces Etats non-communistes et tous les autres ne se font pas dans le cadre de relations diplomatiques officielles. La République Fédérale peut imposer largement sa prétention à l'exclusivité sur la scène internationale. La RFA s'appuie sur la doctrine Hallstein et tous les Etats reconnaissant la RDA sont menacés de la rupture des relations diplomatiques. Jusqu'aux années 60, le poids politique et la force économique de la République Fédérale contraignent ainsi la RDA à limiter sa présence politique aux Etats du Pacte de Varsovie et à quelques rares Etats orientés sur le communisme ou démontrant leur souveraineté nationale à l'extérieur du bloc communiste. Seule la République socialiste fédéraliste de Yougoslavie engage des relations diplomatiques avec la RDA sans se soucier des réactions de Bonn.
Durant les années 1957-58, la RDA commence à compter en politique étrangère. Des dirigeants de tous les Etats du Pacte de Varsovie conclu en 1955, et même des représentants de la lointaine Mongolie rendent visite à leurs camarades de Berlin(-Est). En janvier 1957, une députation officielle de la RDA se rend pour la première fois en tant que «délégation du Parti et de l'Etat» en Union soviétique. Cette dénomination traduit le système hiérarchique introduit en Union soviétique après la mort de Staline et adopté par les Etats-satellites est-européens. Le chef de parti Ulbricht, Premier Secrétaire du Comité central du SED, se situe alors au-dessus du chef de gouvernement Grotewohl, Président du Conseil des Ministres. Ce dernier entreprend début 1959 son plus long voyage à l'étranger. A côté de la Chine et du Viêt-nam il visite la République arabe unie, l'Irak et l'Inde. Il s'agit des premières visites officielles du Premier Ministre de la RDA à l'extérieur de l'union est-européenne. Elles donnent lieu à des conversations portant sur un développement des relations avec les dirigeants des pays-hôtes et naturellement aussi à de nombreuses rencontres avec diverses organisations.Boite à bijoux Parmi les objets laissés par Grotewohl, une cassette en bois précieux sculpté à l'image du Tadj Mahal, le monument national indien, et la missive correspondante, nous rappellent la réception de la délégation est-allemande chez la «Delhi Printers' Association».Calendrier de tableL'invité reçoit du Secrétaire général du comité national pour les relations culturelles indiennes un calendrier de table. Les deux présents sont ornés de motifs folkloriques nationaux et témoignent de la considération éprouvée pour l'invité, sans manifester une concordance de vues politiques. La neutralité des cadeaux indiens exprime la tentative du pays d'entretenir des relations amicales avec tous les Etats quels que soient leurs statuts de société.
Lorsque Wilhelm Pieck meurt, le 7.9.1960 à l'âge de 84 ans, sa fonction, tout au plus honorifique, est abolie au profit de la constitution d'un Conseil d'Etat, dont Walter Ulbricht, chef du SED, sera «élu» Président. Son premier souci est de faire fortifier la frontière intérieure allemande. Si la construction du Mur de Berlin assure jusqu'à nouvel ordre l'existence de la RDA en tant qu'Etat, elle ne favorise pas vraiment son crédit politique. Un Etat qui veut démontrer son ouverture sur le monde et sollicite la reconnaissance internationale, ne peut pas s'emmurer. Conséquence logique: on ne consigne aucun succès spectaculaire sur le plan de la politique extérieure dans les années qui suivent. Ne sont parvenus au Deutsches Historisches Museum que des souvenirs d'une des «visites d'amitié» traditionnelles en Union soviétique.Traîneau tiré par des chiens
Gamal Abd el NasserEn février 1965, l'heure a sonné pour Walter Ulbricht. Sur l'invitation du Président Gamal Abd el Nasser, il visite la République arabe unieWalter Ulbricht en conversation avec Gamal Abd el Nasser. C'est la première visite officielle d'un dirigeant de la RDA dans un pays non-socialiste, et les médias est-allemands de s'enthousiasmer: «Walter Ulbricht acclamé au Caire» et «21 Décoration de tablecoups de canon sur le Nil témoignent de la défaite de Bonn». Ce triomphe exprime en même temps la joie de voir la défaite de la République fédérale. Ulbricht rapporte en souvenir un portrait du Président égyptien et signé par lui, dans un cadre d'argent. En septembre 1966, Ulbricht se rend en Yougoslavie. Un mois plus tard, une délégation gouvernementale de la RDA peut se rendre en visite officielle à Svesvograd, la «petite ville des étoiles». On lui remet une figure décorée de motifs de la conquête spatiale.
La RDA tente de contrer l'isolation politique que le Mur a encore approfondie, en se rapprochant des mouvements de libération nationale et des jeunes Etats du tiers monde. Chaque fois que des militaires aux idées nationalistes et se voulant révolutionnaires s'insurgent dans les pays africains et asiatiques, la RDA crie à la «révolution anti-impérialiste», reconnaît sans tarder les nouveaux gouvernements et invite leurs représentants à lui rendre visite. Les coups manqués ne sont pas rares, vu que sous le manteau du «héros de la révolution» se cache parfois la sombre figure du dictateur. Le 25 mai 1969, le général Mohammed Gaafar Nemeyri se propulse à la tête du Soudan avec son «conseil révolutionnaire». Le lendemain déjà, le nouveau gouvernement de Khartoum noue des contacts diplomatiques avec la RDA. A Berlin(-Est), c'est le ravissement! On vient de porter un coup rude aux prétentions de la RFA qui se veut Etat unique. L'euphorie atteint son point culminant quand Nemeyri se rend en visite officielle en RDA, il sera le premier chef d'Etat d'un pays non-socialiste à le faire. Le quotidien «Neues Deutschland» consacre onze pages à cette visite de cinq jours. Cette «amitié invulnérable» entre les peuples de la RDA et le «Soudan révolutionnaire» sera vite troublée: en juillet 1971, Nemeyri fait interdire dans son pays le Parti communiste et les syndicats, et fait exécuter les leaders. Il n'a plus aucune chance de voir ses présents exposés au Museum für Deutsche Geschichte!
Au cours des années 60 et 70, on assistera à de nombreuses rencontres des plus hauts fonctionnaires de la RDA et de la République Démocratique du Viêtnam, comme elle s'appelait à l'époque. Il s'agit essentiellement d'organiser l'aide de la RDA au gouvernement vietnamien.Combat aérien Les pièces exposées symbolisent le combat de l'armée et du peuple vietnamiens contre les intervenants américains. Elles contiennent souvent des fragments de bombardiers américains abattus ou d'autres signes de succès obtenus sur les troupes américaines. Une petite figure montre un Mig 21 soviétique sortant victorieux d'un combat Combattante du FNL et pilote américainavec un avion de chasse de la US Air Force, une autre composition représente l'arrestation d'un pilote américain, son avion vient d'être abattu, par une jeune combattante de l'armée populaire vietnamienne. Il s'agit ici de la reproduction plastique d'une photo de presse parue dans le monde entier - une allégorie au triomphe de David sur Goliath. La RDA reçoit aussi un fragment du 1500ème avion américain abattu au-dessus du Viêt-nam. Il sera amoureusement disposé dans un petit coffret et l'ambassadeur vietnamien l'offrira à Walter Ulbricht au nom du Président Hô Chi Minh.Reste d'avionUn vase offert à Willi Stoph en mars 1973 a été fabriqué à partir d'une douille de projectile.Vase
Veste d'uniformeUn autre trophée du combat révolutionnaire nous vient de Cuba et témoigne de la lutte de Fidel Castro contre ses adversaires à l'intérieur du pays et à l'étranger. Il s'agit de la veste de l'uniforme d'un mercenaire capturé en septembre 1961 lors de la tentative d'invasion de la Baie des Cochons.
Il est impossible de vérifier les légendes dont sont entourés de tels objets, mais on devrait contempler ces souvenirs du combat d'un petit peuple contre un adversaire beaucoup plus puissant d'un autre œil que les nombreux cadeaux ruisselants de symboles, mais en fin de compte dépourvus de signification, d'autres pays socialistes.
En mai 1971, Walter Ulbricht doit démissionner de son poste de Premier Secrétaire du Comité central du SED, il est remplacé par Erich Honecker. L'entrée en fonction de ce dernier en tant que chef de parti et donc d'homme le plus puissant de l'Etat, coïncide avec l'époque de l'épanouissement de la coalition sociolibérale à Bonn et est aussi une réaction face à la politique du gouvernement Brandt-Scheel. Une nouvelle ère des relations germano-allemandes s'ouvre, Willy Brandt et Willi Stoph se sont déjà rencontrés deux fois en 1970, des négociations sur un accord de circulation sont en cours. La République fédérale manifeste ses efforts pour relâcher la tension dans ses relations avec la RDA en abandonnant la doctrine Hallstein. Après la signature du Traité fondamental en décembre 1972, la RDA noue en quelques mois des relations diplomatiques avec presque tous les Etats de la planète. L'entrée des deux Etats allemands aux Nations unies en septembre 1973 marque le succès des efforts de la RDA qui devient une partenaire de droits égaux dans l'arène politique. Mais cela ne suffit pas encore. Le public doit avoir l'impression d'une sorte d'omniprésence internationale de la RDA. Pour ce faire, Honecker et son équipe développent à partir du milieu des années 70 un programme de déplacements et de réceptions qui ébranlerait le budget de n'importe quelle grande puissance. Au cours de son mandat en tant que leader du parti et, à partir d'octobre 1976, en tant que chef d'Etat, Honecker ne visitera pas moins de 38 pays et ne recevra pas moins de 50 chefs d'Etat ou de gouvernements étrangers. Rien qu'en 1977, Honecker se rend en mission officielle en Yougoslavie, en Roumanie, en Pologne, en Bulgarie, au Viêt-nam, aux Philippines et en Corée du Nord. En contrepartie, il reçoit les chefs d'Etat ou de gouvernement de Hongrie, Saõ Tomé et Principe, de Mongolie, du Laos, de Pologne, de Roumanie, de Bulgarie, du Viêt-nam, de Finlande, de Tchécoslovaquie et du Congo.
Ces visites officielles sont exploitées par les médias est-allemands qui offrent à la population une image déformée de l'importance internationale de la RDA. Le rôle du Museum für Deutsche Geschichte en ce qui concerne la propagande est, lui aussi, loin d'être négligeable. On lui fait régulièrement parvenir des souvenirs de tous les pays possibles et imaginables qui témoignent des «conquêtes» diplomatiques des dirigeants du Parti et de l'Etat. Et le Fonds grossit sans que le musée prenne d'initiatives particulières.
RobotComme il se doit, Erich Honecker se rend aussi dans les Etats-frères et reçoit leurs représentants. Les cadeaux échangés à cette occasion entrent dans la catégorie des créations banales mais riches en symboles des années 50 et 6o. Lors d'une visite à l'Institut cybernétique de l'Académie des Sciences de l'URSS, on lui remet par exemple la maquette d'un robot qui traduit l'idée bien ancrée que la RDA peut, aux côtés de l'Union soviétique, surpasser l'Occident dans le domaine de la cybernétique et de la technique d'automatisation. Les présents originaires d'Union soviétique allient souvent les motifs traditionnels de l'art populaire aux symboles et aux images de la lutte révolutionnaire. De simples illustrations d'outils ou de pièces de machines caractérisent les présents offerts par les entreprises de l'industrie lourde. Nous les trouvons déjà sur les cadeaux d'anniversaire des années 30 destinés à Wilhelm Pieck. Après 1945, on observe ce phénomène dans tous les pays qui se sont voués à la cause du socialisme. Les héros du mouvement communiste, reproduits dans toutes les formes d'expression des beaux-arts, sont également un motif que l'on retrouve dans nombre de cadeaux des pays socialistes à leurs invités. En octobre 1975, les travailleurs de l'usine automobile de la Kama offrent aux éminents invités est-allemands un ouvrage de cuivre représentant Ernst Thälmann.Ernst ThälmannAssiette murale Il est courant d'offrir à son invité un cadeau orné de son portrait. L'exemple le plus frappant en est le portrait d'Erich Honecker sur une fourrure que lui offre Mengistu Haïlé Mariam lors de sa visite en Ethiopie. Les travailleurs de la République soviétique d'Ouzbékistan étonneront le Président du Conseil d'Etat de la RDA en lui remettant son portrait sur porcelaine.
Les pièces originaires de Cuba sont le plus souvent empreintes d'un ardent symbolisme révolutionnaire. Une statue qu'Erich Honecker reçoit en février 1974 lors d'une visite amicale à une organisation de colons cubains, est ornée de la reproduction de «Moncada» et Moncada - Granma«Granma», deux endroits étroitement liés à la révolution cubaine. La date, 26.7., rappelle le jour de l'année 1953 où Fidel Castro attaqua avec ses fidèles la caserne Moncada, déclenchant ainsi la révolution. Le portrait du poète et héros national José Martí orne le centre de la plaque. L'inscription, une citation de Fidel Castro, dit: «La valeur de la Mocada ne réside pas dans l'événement qui ramène au passé, mais dans celui qui s'oriente sur l'avenir».
Honecker veut cultiver son image à l'étranger et accorde une valeur particulière aux invitations des pays de l'Ouest. En novembre 1980, il se rend pour la première fois dans un pays capitaliste européen, la République d'Autriche. Une coupe en cristal, présent du gouvernement du Land de Salzbourg, témoigne de cette visite.CoupeEn mai 1981, République FrançaiseHonecker rapporte du Japon la toge de docteur honoris causa de l'Université Nihon de Tokyo.Toge de docteur honoris causaEn avril 1985, le Président du Conseil d'Etat de RDA passe trois jours en Italie sur l'invitation du Premier Ministre Bettino Craxi. Erich Honecker, qui se montre toujours très ouvert et tolérant, profite de l'occasion pour se rendre au Vatican, où Jean-Paul II le recevra. Souvenir de cette audience chez le Pape: une mosaïque du Colisée romain fabriquée dans les ateliers du Vatican.Colloseo 1800Le Sénat de Paris dédie à «Monsieur le Président Honecker» lors de sa visite en janvier 1988 une plaquette dorée.
En 1987, Honecker peut enfin réaliser ce qu'il souhaite depuis longtemps. En tant que Président du Conseil d'Etat de la RDA, il se rend en visite officielle en Allemagne fédérale où il est reçu avec les honneurs du protocole par le Chancelier Helmut Kohl et le Président Richard von Weizsäcker. Pour les dirigeants est-allemands, cette visite est le résultat des efforts obstinés de la RDA pour faire reconnaître définitivement l'existence de deux Etats allemands souverains. Les médias est-allemands n'ont jamais accordé autant d'importance à un événement de politique extérieure. Le journal «Neues Deutschland» rapporte minutieusement l'emploi du temps de Honecker et toutes ses rencontres avec des personnages publics d'Allemagne fédérale. Même l'entretien de trois minutes avec Udo Lindenberg est consigné dans l'organe central est-allemand. On ne sait malheureusement pas ce qu'est devenue la guitare que la star du rock a offert à Erich Honecker. La Maison de Friedrich EngelsPeut-être a-t-elle servi des fins aussi utiles que la célèbre veste de cuir mise en vente par l'émetteur de la jeunesse est-allemande DT 64 pour un projet de solidarité. Une des pièces reçue lors de ce voyage, et qui est arrivée au Museum für Deutsche Geschichte, est une aquarelle représentant la maison natale de Friedrich Engels.
Inversement, Honecker accorde évidemment de l'importance à la réception de dirigeants étrangers. A côté de chefs d'Etat ou de dirigeants de partis des Etats socialistes et divers représentants de pays africains et asiatiques en voie de développement, des personnalités de renommée internationale telles que Indira Gandhi, Urho Kekkonen, Andreas Papandreou, Olof Palme et Bruno Kreisky acceptent son invitation et lui rendent visite. Il reste des souvenirs de la plupart de ces visites. Le Premier Ministre Indira Gandhi par exemple lui remet en juillet 1976 une miniature du Tadj Mahal, et le chef d'Etat finnois Kekkonen apporte un portrait dans un cadre de cuir avec dédicace manuscrite pour Erich Honecker.Urho KekkonenAssiette murale Le Président Youmjaguin Tsedenbal amène une assiette murale de cuivre portant une inscription qui invoque l'amitié entre la RDA et la République populaire de Mongolie. Un coffret à bijoux argenté rappelle la visite officielle du Premier Ministre grec Andreas Papandreou en juillet 1984.Boite à bijouxLe chef d'Etat du Yémen du Sud, Ali Nasser Mohamed, apporte une reproduction d'une mosquée de Haïderabad.Relief décoratifWilli Stoph avait reçu la même en octobre 1976 lors d'une visite en République démocratique et populaire du Yémen.
Les objets en provenance des pays occidentaux que recèle le Deutsches Historisches Museum n'ont pas de contenu politique.Assiette murale - Château Jägersberg à Neunkirchen Il s'agit le plus souvent de pièces artisanales, dont l'origine et la destination sont indiquées par des dédicaces gravées ou des cartes de visite. Le caractère neutre des présents témoigne des principes de la coexistence pacifique entre les Etats de l'Est et de l'Ouest à l'époque où les systèmes s'affrontent. Honecker et ses camarades ont certainement renoncé eux aussi à offrir à leurs invités et hôtes originaires d'Etats non socialistes des cadeaux appelant symboliquement ou littéralement à l'abolition du capitalisme.Relief décoratif
La RDA entretient également des relations dynamiques avec des organisations internationales et des mouvements de libération nationaux. Elle sera l'un des premiers Etats à reconnaître dans l'Organisation de libération de la Palestine, l'OLP, la représentation légitime du peuple palestinien. Yasser Arafat et ses intimes s'y rendront régulièrement, bien avant que le monde occidental trouve le chef de l'OLP présentable et accepte de négocier avec lui.
Colombe de la Paix sur une main tendueL'engagement poussé, si l'on considère ses possibilités économiques, de la RDA au sein des Nations unies et ses sous-organisations, ainsi que dans le mouvement olympique est certainement aussi dû au désir des dirigeants est-allemands de faire apparaître la RDA à tous les niveaux de la scène internationale. Les dirigeants respectifs de l'ONU, du CIO et d'autres organisations internationales sont invités plusieurs fois en RDA et reçus avec tous les honneurs diplomatiques. A l'occasion de l'une de ses visites, le Secrétaire général des Nations unies, Javier Pérez de Cuellar, remet à Erich Honecker une figure portant le symbole universel de la paix, la colombe de Picasso.
Tous ces petits cadeaux, dont aucun ne mérite vraiment le nom pompeux de «présent du gouvernement», témoignent de la présence de la RDA dans le cadre de la politique extérieure. La RDA a été si rapidement et radicalement rayée de la carte du monde, et les transformations du paysage politique entre 1989 et 1991 sont si importantes, qu'on serait tenté d'oublier que non seulement de nouveaux Etats sont apparus en Europe mais que l'un d'eux a disparu. Il ne reste que le souvenir des conquêtes socio-politiques de cette autre Allemagne, gardé vivant par ceux qui n'ont pas tiré profit de l'unité allemande. Mais le rôle qu'a joué la RDA sur la scène politique internationale est probablement déjà tombé dans l'oubli, et cela bien qu'elle ait entretenu des relations diplomatiques avec plus de cent Etats, qu'elle ait eu avec eux des contacts politiques, économiques, scientifiques, culturels et sportifs variés et, en outre, qu'elle ait été membre de presque toutes les organisations internationales d'importance. Le dépôt bien particulier du Deutsches Historisches Museum est, à côté des livres et des dossiers que recèlent les bibliothèques et les archives, un des rares témoignages de l'existence de cet Etat. En ce qui concerne la politique extérieure, même si la RDA a été, sans doute consciemment, plus soucieuse des apparences que de la substance, et que son influence réelle ait été moins grande que la direction du Parti et de l'Etat le croyait ou du moins le suggérait au peuple, il n'en reste pas moins que cet Etat a été pendant 40 ans une pierre dans la mosaïque des relations internationales, ce qui justifie que l'on se souvienne de son existence.


Karl Marx Urho Kekkonen Assiette murale Reste d'avion Felix Dzerjinsk Colloseo 1800 Toge de docteur honoris causa
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